Chaque automne, la gracieuse Thessalonique accueille sur son rivage bleu argent les plus beaux films internationaux. Toute l’Europe est à l’honneur, le cinéma mondial est invité. Une particularité appréciable cependant : le TIFF projette des lumières toutes particulières sur le cinéma de la Grèce naturellement, mais aussi celui des Balkans, de l’Europe centrale et de l’Asie mineure.

Il a commencé sur les chapeaux de roue, inauguré le 30 octobre par une cérémonie accompagnée de la projection du dernier Noah Braumbach : Marriage Story. Qui ? Le Festival de Thessalonique, le plus important de Grèce, qui célèbre ses soixante ans, cette année. Vénérable, donc, mais joueur et particulièrement ouvert sur le monde, si bien qu’il a choisi pour fil conducteur l’idée d’Overview Effect, concept formulé par le chercheur Frank Wright, décrivant la sensation inédite que procure pour la première fois la vue de la planète depuis l’espace à un cosmonaute. Autant dire les portes de conscience, qui s’ouvrent à lui après le choc produit par cet effet de surplomb…

© Stefanidis Giannis – Motion Team

Et ce sont bien des milliers d’astres cinématographiques qui scintillent sous les yeux du visiteur : comment choisir ? Après Scorsese, Kaurismäki, Deneuve ou encore Malkovich, le festival convie cette année encore le meilleur du cinéma.
L’invité d’honneur, pape du cinéma dit « trash » figurant parmi les pionniers des films queer, John Waters, gratifie le public d’une sélection de ses films préférés, donne un one-man show et une masterclasse.

Albert Serra, réalisateur catalan connu pour son exigence et son radicalisme artistique, va projeter ses films le temps d’une rétrospective, parmi lesquels, le dernier, Liberté, tout en intervenant lui aussi lors d’une masterclasse. On diffuse également de précieux opus de la trop rare réalisatrice anglaise Joanna Hogg, tandis que Robert Beavers promeut l’héritage de Grégory Markopoulos, dont l’œuvre expérimentale ultra avant-gardiste, dès les années 50, a fait date autant dans le cinéma que l’art contemporain.

Copyright Fanny Vaury
© Fanny VAURY

Ajoutez à ces possibilités extraordinaires les séances prévues dans la section « Compétition internationale », dont le gagnant recevra l’Alexandre d’or, celles dédiées au cinéma grec et à celui des Balkans, la compétition « Meet the Neighbours », récompensant un premier ou un second long-métrage en provenance d’Europe centrale ou orientale, les multiples projections hors-compétition… Plus d’une cinquantaine de séances journalières le disputent aux événements parallèles, expositions, débats, soirées… Vous comprendrez l’indécision et l’émerveillement du spectateur.
Couvrir un tel festival, c’est s’offrir un cosmos d’images, un voyage sur la planète. Oui, l’Overview Effect nous laisse heureux et pantois.

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© Fanny VAURY

Festival International du Film de Thessalonique du 30 octobre au 10 novembre 2019


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