Après Ce sentiment de l’été, le nouveau film de Mikhaël Hers,Amanda, est projeté dès le 11 avril dans les salles grecques. Un film délicat et poignant, nimbé de lumière, à ne pas manquer.

Mikhael Hers a été formé dans la section Production de la FEMIS, avant de passer à la réalisation. Son moyen-métrage, Charell, a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2006. Il passe au long-métrage avec Memory Lane en 2010 puis Ce Sentiment de l’été en 2016, deux films remarqués par la critique. L’œuvre de Mikhaël Hers se singularise par sa mélancolie et par une élégance formelle sans afféterie. L’image en est lumineuse, le mouvement naturaliste et le jeu des acteurs subtil.

Si le réalisateur aborde des thèmes douloureux, et en particulier celui du deuil, ses films sont imprégnés d’une forme de grâce et dégagés de toute tentation de pathos.

Amanda – L’intrigue

Incarné par Vincent Lacoste, David, jeune étudiant parisien de 24 ans, tantôt factotum, tantôt élagueur, vit au rythme de ses missions professionnelles, de sa vie amicale et de ses visites à sa sœur aînée, Sandrine. Celle-ci, interprétée par Ophelia Kolb, est la mère célibataire d’Amanda, petite fille de 7 ans (Isaure Multrier). Mais par un jour d’été lumineux, leur relation fraternelle, faite de taquineries et de complicité, prend fin d’une manière violente : Sandrine vient de trouver la mort tragiquement.

Dévasté, David est confronté non seulement à son propre deuil mais également à la responsabilité qui lui incombe en l’absence de ses parents (son père est décédé et sa mère partie depuis 20 ans) : prendre en charge, à son jeune âge, la petite Amanda, la protéger et lui offrir l’amour dont elle a besoin.

Amanda – Critique

Dès les premiers plans, images d’un Paris à la fois solide et évanescent, on perçoit la lumineuse mélancolie qui n’aura de cesse d’imprégner le film. Une lumière de fin d’été caresse les murs et les trottoirs, les branchages ondulent. La ville, belle mais pas idéalisée, semble à la fois innocente, vulnérable, et solide.

On est instantanément acquis au personnage de David, dont on suit les pérégrinations entre petits emplois et services rendus ici ou là. Vincent Lacoste trouve là l’un de ses meilleurs rôles : non qu’il ait un personnage haut en couleurs ou extravagant, en la personne de ce David. Mais il incarne à merveille un jeune homme de son temps, à la fois timide et taquin, débonnaire et fragile. Il fait siens David, ses failles, ses rêves secrets. Quant à Isaure Multrier, qui interprète Amanda, elle trouve elle aussi la posture parfaite et naturelle : à la fois espiègle comme une enfant et capable de la plus grande maturité, elle nous étonne, séquence après séquence. Son regard bleu se pose alentour avec une vérité frappante.

Le film aborde avec la plus grande délicatesse le thème du deuil, par un traitement non frontal : il s’agit de décrire tout ce qui entoure l’indicible. La souffrance est muette ; celles de ses personnages se côtoient en silence. Ce qu’il reste à vivre, c’est la périphérie, c’est l’amour que l’on peut encore glaner dans des choses infimes, même quand on a connu le pire.

La photographie, superbe, semble pâlir quand arrive la tragédie. Pourtant, comme convalescent, on se réapproprie peu à peu le paysage et les espaces verts chers à Hers. Comme les personnages, heurtés par un drame contemporain, on fait acte de résilience dans cette œuvre au ton juste, évanescente. Bouleversante.


Un film de Mikhaël Hers. Avec Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin

Durée: 1h47

Langue : Français.


Une interview publiée sur Lepetitjournal.com, visible ici